En 2025, l’intelligence artificielle est au cœur des systèmes de décision, d’optimisation et d’innovation de nombreuses entreprises françaises.
Mais cette adoption massive s’accompagne d’une interrogation fondamentale : à qui confie-t-on les clés de cette technologie ?
L’IA souveraine s’impose aujourd’hui comme un enjeu stratégique de premier ordre, tant sur le plan économique que géopolitique.
Pour les entreprises industrielles, les ETI ou les grands groupes, elle devient un levier de résilience, de compétitivité et de sécurité.
Dans cet article, nous analysons en profondeur les leviers, défis et opportunités que représente l’IA souveraine, à travers un prisme technologique mais aussi économique, réglementaire et géopolitique.

Pourquoi parle-t-on autant d’IA souveraine aujourd’hui ?

IA souveraine : une réponse aux dépendances technologiques internationales

L’IA souveraine, au sens strict, désigne une intelligence artificielle dont les données, les modèles et les infrastructures sont intégralement maîtrisés sur le territoire national, ou au sein d’un espace de confiance comme l’Union européenne. Ce concept repose sur trois piliers essentiels : la maîtrise de l’hébergement, l’indépendance des outils et les compétences locales.

Ce besoin d’autonomie s’est intensifié ces dernières années, en particulier face à l’hégémonie croissante des GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft) et des géants technologiques chinois. La grande majorité des modèles d’IA générative utilisés aujourd’hui comme ceux d’OpenAI ou d’Anthropic ont hébergés sur des serveurs américains, soumis au Cloud Act, une loi extraterritoriale qui autorise les autorités américaines à accéder aux données sous certaines conditions, même lorsqu’elles sont stockées hors des États-Unis. Cela signifie que les données industrielles, logistiques, financières ou sensibles d’une entreprise française peuvent potentiellement être consultées, voire exploitées, par une puissance étrangère.

« On parle d’IA souveraine pour désigner une IA que l’on héberge et que l’on maîtrise sur le territoire national, sans dépendre de services tiers étrangers, même si les serveurs sont localisés en France. C’est une question de contrôle total. »

PIERRE GIRARDEAU - DIRECTEUR DATA SCIENCE
Avec le retour des tensions commerciales, les hausses brutales de prix de certains services cloud ou encore les risques de coupure en cas de crise, cette problématique ne concerne plus seulement les secteurs sensibles ou régaliens. Elle touche aujourd’hui toutes les entreprises disposant de données stratégiques ou soucieuses de leur indépendance technologique.

Enfin, la puissance de calcul reste un enjeu majeur. Les IA génératives de nouvelle génération exigent des ressources matérielles colossales. Disposer de data centers équipés de GPU haute performance sur le sol français est donc indispensable pour garantir des temps de réponse satisfaisants et une montée en charge fiable.

Une démarche soutenue par les États et l’Europe

Face à ces enjeux,
la France et l’Union européenne ont initié plusieurs politiques ambitieuses pour reconquérir leur souveraineté numérique.

Le Plan National pour l’Intelligence Artificielle, lancé à la suite du rapport Villani, a été un premier jalon. Il visait à structurer un écosystème de recherche, de formation et d’innovation autour de l’IA, avec un budget initial de 1,5 milliard d’euros entre 2018 et 2022.
Ce dispositif a été renforcé dans le cadre de France 2030, qui mobilise un montant équivalent, spécifiquement dédié à la montée en puissance de technologies souveraines. Le plan prévoit notamment de soutenir des startups stratégiques comme Mistral AI, LightOn ou Aleia, mais aussi de développer des capacités de calcul locales, condition indispensable à l’autonomie. Des fonds sont également fléchés vers les usages industriels de l’IA dans des secteurs clés comme la santé, la défense ou l’énergie.

Sur le plan réglementaire, l’Europe avance aussi avec le AI Act, premier cadre juridique mondial dédié à l’IA. Ce règlement entend encadrer les usages à risques tout en encourageant une IA éthique, explicable et alignée avec les valeurs européennes. Il soutient également les acteurs locaux en posant les bases d’un marché numérique de confiance.

Quels sont les leviers technologiques de l’IA souveraine ?

Les technologies fondamentales à maîtriser

Pour qu’une IA soit pleinement souveraine, il est indispensable de réunir plusieurs briques technologiques cohérentes. L’infrastructure constitue le premier fondement. Les modèles doivent être hébergés sur des serveurs localisés en France, opérés par des prestataires nationaux ou européens. De nombreux hébergeurs solides existent aujourd’hui en France, parmi lesquels les plus importants sont OVHcloud, Scaleway ou Outscale.
La seconde brique est logicielle. L’usage de modèles open source — comme ceux développés par Mistral, Bloom, ou encore les LLaMA de Meta — est une condition clé pour assurer la transparence, la capacité d’audit et l’adaptabilité des solutions déployées. Contrairement aux modèles propriétaires accessibles uniquement via API, les modèles open source peuvent être audités, adaptés, et déployés sur des environnements maîtrisés.
 

Des défis techniques encore à relever

Malgré ces avancées, le développement de solutions souveraines reste confronté à plusieurs obstacles. Pour l‘IA générative, le premier est la taille des modèles. Les LLM les plus performants nécessitent des capacités de calcul très élevées, ce qui les rend difficilement hébergeables sur des serveurs standards. La réduction de leur empreinte, sans perte de performance, est donc un axe de recherche prioritaire.
Autre défi, l’industrialisation des stacks open source. Ces outils, bien que puissants, n’offrent pas toujours le même niveau de simplicité, d’ergonomie ou de maintenance que les solutions commerciales des hyperscalers. Il reste encore du chemin à parcourir pour construire une expérience utilisateur à la hauteur des attentes des équipes métiers et IT.
Enfin, la compétitivité économique reste un point sensible. Même si les solutions souveraines gagnent en maturité, elles impliquent souvent des coûts d’intégration et d’exploitation supérieurs dans un premier temps. Il s’agit donc d’un choix stratégique, qui doit être éclairé par les risques encourus en cas de dépendance prolongée à des technologies non maîtrisées.
Comme l’explique à nouveau Pierre :  

« On n’est plus dans un monde où IA souveraine équivaut à une IA moins performante. En 2025, les performances des modèles open source sont au rendez-vous. Ce n’est plus un choix militant, c’est un choix de bon sens. »

L’IA souveraine : un élément clé à prendre en considération pour une entreprise

Industrie : protéger les filières stratégiques

Dans le secteur industriel, l’IA est désormais un levier incontournable pour améliorer la compétitivité : anticipation des pannes, optimisation des chaînes de production, automatisation des tâches répétitives ou encore prévision de la demande. Mais ces usages s’appuient sur des données extrêmement sensibles, souvent liées à des savoir-faire différenciants, des procédés industriels ou des éléments de propriété intellectuelle.
Recourir à une IA souveraine permet de se prémunir contre les risques d’espionnage industriel ou de captation de valeur par des concurrents étrangers. Cela garantit également que les données ne soient pas réutilisées à des fins non autorisées, notamment pour l’entraînement de modèles tiers.

L’approche souveraine permet ainsi de conserver l’avantage technologique des filières françaises dans des secteurs stratégiques, en assurant la confidentialité et l’intégrité des flux d’information.

Retail et transport : souveraineté logistique et maîtrise des coûts

Dans les secteurs du retail et de la logistique, la dépendance aux outils d’IA est également croissante : optimisation des flux, gestion des stocks, analyse comportementale, planification des itinéraires… Là encore, la donnée est au cœur de la performance. Mais elle est également une source potentielle de fragilité.
Une IA hébergée à l’étranger rend l’entreprise vulnérable à des variations tarifaires imprévues, à des restrictions d’accès ou à des problèmes de latence. À l’inverse, une IA souveraine permet de maîtriser ses coûts, d’assurer la continuité d’activité en cas de crise, et d’ancrer durablement sa transformation numérique dans une infrastructure de confiance.
 

Pour Pierre, cela ne fait aucun doute :

« L’IA souveraine permet de garder l’or de votre entreprise dans une mine qui vous appartient, plutôt que de le laisser être exploitée par d’autres. »

L’approche Cross Data en termes d’IA souveraine

Une expertise souveraine éprouvée

Chez Cross Data, l’IA souveraine n’est pas un virage récent : c’est un socle stratégique prépondérant. Depuis sa création, l’entreprise déploie près de 90% de ses projets sur des infrastructures souveraines. Qu’il s’agisse d’IA générative ou non, les solutions développées par les équipes de Cross Data fonctionnent sur des serveurs maîtrisés, opérés localement.
Ce choix s’inscrit dans une démarche d’accompagnement stratégique. À chaque projet, les clients sont informés de manière transparente sur les avantages et les contraintes des différentes approches. Lorsqu’un déploiement souverain est retenu, Cross Data assure l’intégralité du processus : choix des infrastructures, prototypage  industrialisation des modèles, sécurisation, maintenance.

L’équipe technique a accompagné des acteurs qui interviennent sur des sujets sensibles (juridique et règlementaire, aéronautique, par exemple) qui illustrent parfaitement cette expertise.

Comme le résume Pierre :

« L’IA souveraine permet de garder l’or de votre entreprise dans une mine qui vous appartient, plutôt que de le laisser être exploitée par d’autres. »

2025 : un accélérateur des enjeux liés à l’IA souveraine

L’année 2025 marque un moment charnière. Grâce à la montée en puissance des modèles open source et à la structuration progressive des infrastructures locales, la souveraineté n’est plus un luxe inaccessible. Elle devient une option viable et performante.
Dans un monde en évolution constante, les entreprises qui feront le choix de maîtriser leur intelligence artificielle prendront une longueur d’avance. Elles pourront innover en toute confiance, sécuriser leurs données et leurs savoirs, et contribuer activement à l’émergence d’un écosystème numérique européen autonome.

Pierre Girardeau Associé Cross Data
Pierre Girardeau - Directeur Data Science chez Cross Data

Ingénieur Docteur en Mathématiques, il suit et encadre les équipes techniques.
Son job est de s’assurer que le projet se déroule correctement et que les objectifs sont atteints.

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